dimanche 23 novembre 2008

Traitement de l'actualité sur Wikipédia

On a déjà beaucoup parlé, sur Wikipédia, de l'urgence que ressentent certains à vouloir traiter – de manière hâtive ou rigoureuse, selon le cas –, des événements d'actualité.
À titre d'exemple, et compte tenu de l'actualité chargée dans le marigot socialiste, je me suis résigné, la nuit dernière, à semi-protéger pour trois jours trois articles – Martine Aubry, Ségolène Royal et Parti socialiste (France) – parce qu'une personne contribuant sous adresse IP y insérait des allégations pour le moins inexactes concernant les déclarations faites par Mme Aubry (qui ne s'est jamais « proclamée élue avec 18 voix d'avance » dans la nuit de vendredi à samedi) et transformait un appel de référence à une dépêche de l'AFP ne disant absolument pas ce qu'on voulait lui faire dire. Après signalement sur le Bulletin des administrateurs, d'autres contributeurs ont d'ailleurs indiqué qu'au moins trois autres articles liés à cette histoire lamentable seraient à surveiller attentivement.


Mais passons... Un autre cas est beaucoup plus intéressant à mon sens, puisqu'il permet de comparer le traitement de certains aspects de l'actualité sur les trois plus importantes Wikipédias – en anglais, en allemand et en français –, et de tenter de cerner les lacunes évidentes et les limites d'un traitement encyclopédique de certains aspects des événements d'actualité.

Penchons-nous par exemple sur le cas de Rose Kabuye, chef du protocole du président rwandais Paul Kagame, accusée de complicité dans l'attentat du 6 avril 1994, qui coûta la vie au président du Rwanda Juvénal Habyarimana et au président du Burundi Cyprien Ntaryamira, attentat souvent perçu comme l'élément déclencheur du terrible génocide rwandais entre avril et juillet de la même année. Le juge Jean-Louis Bruguière avait émis, en novembre 2006, un mandat d'arrêt international contre neuf proches de Paul Kagamé (1).

Le premier article, en allemand, sur Rose Kabuye est apparu le 9 novembre à 22:13 (CET), cf. son historique.

Sur la Wikipédia en français, une personne contribuant sous adresse IP a emboîté le pas le 10 novembre à 10:55 (CET), cf. son historique.

La dernière Wikipédia ayant accueilli un article sur Rose Kabuye a été la version anglaise, le 11 novembre à 13:52 (CET), cf. son historique.
Entendons-nous bien : je ne conteste aucunement la correspondance de Rose Kabuye aux critères d'admissibilité des articles (sur wp-FR). À l'évidence, si l'on n'a guère parlé individuellement de Rose Kabuye en France avant son arrestation à Francfort, le retentissement du mandat d'arrêt international lancé par le juge Bruguière et ses conséquences diplomatiques ont fait suffisamment couler d'encre, depuis deux ans, dans les médias, pour que l'on puisse considérer que la mise en lumière subite d'une des neuf mis en examen, avec apparition de notices biographiques hors des cercles africanistes spécialisés, justifierait l'existence d'une biographie de Mme Kabuye sur l'encyclopédie. Accessoirement, cette proche du président Kagame a aussi été, à une époque, maire de Kigali, capitale du Rwanda et ville peuplée, selon les sources, de 600 000 à 1 million d'habitants, ce qui n'est pas négligeable et fait de ses édiles, au niveau rwandais, des personnalités d'une certaine importance.

Ce qui me « chagrine » le plus, s'agissant de l'ébauche biographique consacrée à Rose Kabuye sur wp-FR, c'est le fait que, au-delà de l'apparition du minimum vital au moment de l'arrestation à Francfort, le tout soit resté en déshérence. Certes, l'article a continué à être modifié jusqu'au 18 novembre, sur certains points de détail, mais il n'est pas actualisé comme il le devrait. Pas un mot sur l'extradition de l'Allemagne vers la France, sur le bref placement en détention, sur sa remise en liberté sous contrôle judiciaire le 19 novembre au soir et enfin sur cet événement assez inhabituel que constitue la conférence de presse donnée par l'intéressée vendredi 21 novembre.

Mon interrogation est la suivante : quel est l'intérêt de créer cette ébauche si on ne prend pas la responsabilité de la suivre un minimum, dans les premiers temps, pour en accompagner le développement ? Sur ce point, il est flagrant que les contributeurs germanophones et anglophones ont assuré un peu plus de suivi que les contributeurs francophones. Certes, il y a la question du manque de recul, sans parler de la difficulté d'aller dénicher des sources concordantes et fiables pour éviter d'écrire des âneries, comme cela s'est malheureusement produit, sur wp-FR, pour les articles liés à la « guerre des Deux Roses ».

Rappelons que, pendant ce temps-là, il existe un projet annexe, Wikinews, fort méprisé par une masse de wikipédiens ignorants, qui n'attend que les contributions sérieuses et fouillées, sans plagiat (je connais au moins un wikinewsien qui, sans le vanter, a démontré que c'était parfaitement possible, moyennant un minimum de rigueur...), et qui pourraient parfaitement faire le point, si nécessaire dans des articles successifs, sur divers aspects d'une même question.

Il y aurait sans doute à examiner beaucoup d'autres aspects du traitement de l'actualité sur Wikipédia et Wikinews, sur l'obstination manifeste de certains d'assurer sur Wikipédia un traitement prétendument encyclopédique et sans le moindre recul de certains événements récents et sur une nécessaire répartition harmonieuse des participations entre les deux projets. Cela pourrait servir de prétexte à plusieurs autres billets...
Notes :

(1) j'avais par exemple tenté, sur Wikinews, de traiter l'imminence de cette mise en examen collective, dans un article titré « Rwanda : le juge Bruguière s'apprête à délivrer des mandats d'arrêt internationaux contre neuf proches du président Kagamé », le 22 novembre 2006, tandis que Grimlock, deux jours plus tard, avait relaté une des complications diplomatiques, dans un article titré « Rwanda : rupture des relations diplomatiques avec la France ».


2 commentaires:

Anonyme a dit…

"sans parler de la difficumlté" -> difficulté

Hégésippe a dit…

Merci. C'est rectifié :D. ~~~~ <<< tant pis, je laisse les quatre tildes.