mercredi 21 avril 2010

LeFigaro.fr, Wikipédia et les « Pages Communauté » de Facebook

Le site LeFigaro.fr a publié, ce mercredi 21 avril, sous la plume de Marie-Catherine Beuth, un article intitulé « Facebook étend son emprise sur le Web ». L'essentiel de l'article est motivé par la conférence de développeurs de Facebook, qui se tient aujourd'hui, et au cours de laquelle devraient être faites diverses annonces sur les innovations à venir dans le réseau social.

Cela commence sur les chapeaux de roues, avec la phrase suivante : « [...] le réseau social a porté un premier coup à l'encyclopédie collaborative Wikipédia en annonçant le lancement d'un nouveau service appelé «Pages Communauté». »

La journaliste s'appuie pour cela sur un billet d'Alex Li, publié le 19 avril sur le blog de Face book : « Connecting to Everything You Care About ».

De fait, le développeur Alex Li écrit bel et bien les choses suivantes :

« [...] notre but à long terme est d'en faire la meilleure collection de savoirs partagés sur un sujet. [...] Nous commençons par montrer les informations de Wikipédia, mais nous recherchons également des gens passionnés sur l'un de ces sujets pour s'inscrire et contribuer à la page. »

“ [...] our long-term goal is to make them the best collection of shared knowledge on a topic. We're starting by showing Wikipedia information, but we're also looking for people who are passionate about any of these topics to sign up to contribute to the Page.”

Pour autant, cela ne justifie en rien, pour le moment, les menaces implicites qui, selon la journaliste française, et bien qu'elle ne l'ait pas dit explicitement, pèseraient sur Wikipédia. Je dirais même que c'est très naïf de sa part, et que cela aurait tendance à témoigner de sa méconnaissance du fonctionnement de Wikipédia.

Wikipédia, lancée le 15 janvier 2001, a largement entamé sa dixième année d'existence, vient de fêter son milliardième « edit » (vendredi dernier), et groupe, en plus de 260 langues, plusieurs millions d'articles (dont 3,26 millions en anglais, 1,05 million en allemand et 939 000 en français). Elle est forte de plus de 12 millions de contributeurs réguliers.

La spécificité wikipédienne passe en effet par la correction collaborative des contributions, et rien ne laisse prévoir, pour le moment, que le staff de l'entreprise de Palo Alto envisage un modèle similaire pour ses “Pages communauté”. Je serais plutôt enclin à voir quelque chose dans le genre de Knol — souvenons-nous au passage des mines réjouies de certains journalistes qui faisaient mine de croire que le machin de Google allait fracasser Wikipédia... on a vu ce qu'il en était — et, surtout, attendons de voir....

Je doute que Mark Zuckerberg et son équipe aient envie de bâtir une encyclopédie, ils veulent juste ajouter des contenus toujours plus attractifs à leur réseau social. Mais Wikipédia a les reins beaucoup plus solides que ne voudraient le croire les analys'es inattentifs et qui l'ont trop peu fréquentée pour la comprendre :D

En effet, rien ne laisse penser que les « Pages Communauté » que nous prépare Facebook adopteront un modèle wikipédien, qui a fait ses preuves. Je suppose — l'avenir me donnera peut-être tort — que les contributions diverses à une « Page Communauté » s'ajouteront les unes aux autres et se juxtaposeront, mais qu'il n'y aura pas une armée de correcteurs et de rédacteurs pour élaborer collectivement un contenu unique.

dimanche 18 avril 2010

« Droit à l'oubli numérique »

Nathalie Kosciusko-Morizet, actuelle secrétaire d'État chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique.
© Accrochoc (page utilisatrice sur Wikimedia Commons), 2 décembre 2006.

La secrétaire d'État française chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet (familièrement surnommée NKM) a lancé, le 15 avril, une « Consultation publique sur le droit à l'oubli numérique », dans un espace du site Web du secrétariat d'État intitulé « Place publique ». Cette consultation doit s'achever le 31 mai 2010.

Selon les termes employés par l'introduction de cette page, cet espace aurait vocation, « sous la forme de sondages ou d’appels à contributions appuyés par des avis d’experts », à nous « associer aux chantiers ouverts par le secrétariat d’État ».

Pour ce faire, en vue de « rendre effectif le droit à l'oubli numérique », le secrétariat d'État se donne pour objectif « d’aboutir dans les prochains mois à une charte d’engagements collectifs des professionnels du web pour :
  • renforcer le respect de la vie privée sur Internet et d’y garantir la confiance de chacun ;
  • mieux informer l’internaute de ses droits et faciliter les recours pour les faire valoir.
et prétend que « la Place publique est notre espace d’expression et d’échange », dans lequel il nous est permis de « participer à la construction de cette charte ».

La participation « citoyenne » est censée se dérouler en trois temps :
  • « Votez », en répondant « oui » ou « non » à la question suivante : « Êtes-vous favorable à la mise en place d’un droit à l’oubli numérique ? » ;
  • « Évaluez », en donnant nos avis sur les premières pistes d'engagements de la Charte sur le droit à l'oubli numérique et le respect de la vie privée sur Internet ;
  • « Contribuez », en donnant nos idées et suggestions pour enrichir la Charte sur le droit à l'oubli numérique et le respect de la vie sur Internet.

Naïvement, j'ai voulu participer à cette consultation, et ai commencé par cliquer sur le lien « Votez », pour apprendre aussitôt que j'aurais « déjà voté depuis cette adresse IP » puis, en cliquant sur le lien « Évaluez »; que j'aurais « déjà complété ce questionnaire depuis cette adresse IP », ce qui, dans les deux cas, est évidemment faux.

La seule explication plausible est qu'une personne a récemment (entre le 15 avril et aujourd'hui) utilisé cette même adresse IP pour participer à la consultation. Ce qui n'a rien d'impossible, compte tenu des pratiques d'allocation d'adresses IP dynamiques par mon fournisseur d'accès (Orange). Cela étant, je n'aime pas beaucoup m'« entendre dire » que j'ai fait telle chose alors que ce n'est pas vrai.

Le système de consultation choisi par le secrétariat d'État est donc déficient. Cela étant, il reste toujours possible de participer au troisème volet de la consultation — « Contribuez » —, puisqu'il est nécessaire, pour participer à cette étape, de s'inscrire, avec nom d'utilisateur, adresse électronique, mot de passe, nom et prénom.

Question idiote : pourquoi le webmestre du secrétariat d'État n'a-t-il pas adopté cette formule pour l'ensemble de la consultation sur le droit à l'oubli numérique ? La chose était simple à mettre en œuvre, mais pourquoi faire simple lorsqu'on peut faire compliqué ?

En attendant, compte tenu de cette lacune stupide, il est hors de question que je réinitialise ma box Internet pour obtenir une nouvelle adresse IP allouée par mon FAI (sans garantie d'ailleurs que je ne tomberai pas à nouveau sur une adresse IP déjà utilisée depuis le début de la consultation), ni que je participe sélectivement au seul troisième volet — « Contribuez » —.

De l'art de dégoûter les « citoyens » de participer à des consultations « citoyennes ». Chapeau bas les techniciens du secrétariat d'État à la Prospective et au Développement de l'économie numérique ! Il est évident que je ne saurais raisonnablement tenir rigueur à la secrétaire d'État du manque de vigilance de ses collaborateurs : elle navigue dans d'autres sphères...

mercredi 7 avril 2010

Arbitrages Wikipédia : ça continue de traîner...

Premier exemple : l'arbitrage demandé par Horowitz contre Jean-Jacques Georges :
  • la requête d'arbitrage a été déposée le 14 octobre 2009 ;
  • le dernier argument ou réponse du requérant, Horowitz, a été déposé le 14 décembre 2009 ;
  • les arguments de la partie défenderessse, Jean-Jacques Georges, ont été déposés les 14 et 15 octobre 2009 ;
  • 9 des 10 arbitres se sont prononcés sur le chapitre de la recevabilité, entre les 14 et 19 octobre 2009, l'une de ces arbitres ayant fait le choix de l'abstention, les huit autres s'étant prononcés pour la recevabilité ;
  • la constatation de la recevabilité, ainsi que la désignation des cinq arbitres et du coordinateur de l'arbitrage, ont eu lieu le 20 octobre 2009 ;
  • Jean-Jacques Georges a demandé la récusation de deux arbitres (le règlement du CAr ne prévoit qu'une récusation par partie), en l'occurence Musicaline et Chandres, mais il ne lui a été accordé que la première récusation, tandis que le second était désigné comme remplaçant de la première. L'équipe d'arbitres, en fonction du roulement habituel, est donc la suivante :
    • Tejgad ;
    • Turb ;
    • VIGNERON ;
    • Alain r (coordinateur) ;
    • Chandres (remplaçant de Musicaline récusée par JJG) ;
  • au bout d'un certain temps, les arbitres ont commencé à déposer leurs commentaires, phase censée précéder celle de l'étude de la proposition de règlement du conflit :
    • VIGNERON, le 13 décembre 2009 ;
    • Turb, le 16 janvier 2010 ;
    • Chandres, le 20 février 2010 ;
    • Tejgad, le 21 février 2010 ;
  • on remarquera que, depuis le 21 février, il ne s'est rien passé dans cet arbitrage, et notamment aucune intervention de l'arbitre censé agir en tant que coordinateur de l'arbitrage.
Tous ces faits peuvent être vérifiés par la lecture de la page d'arbitrage et par la consultation de son historique.

On remarquera encore que, s'il n'est pas le seul parmi les arbitres à retarder au maximum le dépôt de ses commentaires et avis sur les affaires qu'il est censé traiter, l'arbitre coordinateur — qui a le droit d'avoir une vie personnelle chargée et qui l'empêcherait de mener à bien la mission pour laquelle, à plusieurs reprises depuis trois ans et demi, il s'est porté volontaire — retarde clairement le règlement des problèmes soumis au comité d'arbitrage :
  • dans l'arbitrage Michel d'Auge contre Patrick Rogel, déposé le 6 décembre 2009, et pour lequel il n'y a que quatre arbitres, trois des arbitres ont déposé leurs commentaires les 23 janvier (Turb), 27 janvier (VIGNERON) et 29 mars (Tejgad), Alain r étant absent, et aucun indice n'apparaissant, de la part des arbitres restants, pour débloquer la situation ;
Il y a bien un autre arbitrage encore plus ancien qui traîne (Elhadri contre Morisco,déposé le 2 octobre), mais on remarquera que sur les cinq arbitres, deux des trois arbitres n'ayant pas encore déposé de commentaires ne se sont pas porté candidates au renouvellement de leur mandat d'un an au sein du comité.

Un remue-méninges d'importance a lieu, depuis quelques semaines, pour tenter d'améliorer le fonctionnement du comité d'arbitrage, via l'actualisation planifiée des articles de son règlement, mais n'oublie-t-on pas les affaires en souffrance, et notamment la responsabilité de certains qui prétendent régulièrement arbitrer les conflits entre wikipédiens mais ne sont visiblement pas à la hauteur de la tâche que personne ne les forçait à endosser ? Mais je n'ai aucun doute, Alain r continuera à bénéficier de soutiens irrationnels en ce domaine, voire se fera réélire à l'échéance de son actuel mandat, en septembre prochain. Cherchez l'erreur...

Complément (7 avril vers 13 h 25) : je rappellerai que, à la différence des admins, qui ne sont pas tenus, après leur élection, de faire usage de leurs outils d'administrateur, les arbitres ont quand même une sorte d'obligation, certes non écrite, de résultat. Lorsqu'un admin n'est pas disponible pour lutter contre tel ou tel vandale, ou pour protéger une page, etc., un autre peut s'en charger. Dès l'instant où la composition d'une équipe de cinq arbitres est fixée, à partir du moment où l'un d'entre eux fait défaut pendant des semaines voire des mois — et cela tend malheureusement à devenir la règle, au-delà du cas principal rappelé ici... —, c'est toute la machine de l'arbitrage qui est grippée. Bien sûr, on a vu ça ou là dans tel arbitrage un groupe d'arbitres décider de se passer de l'avis de l'arbitre défaillant, mais c'est plutôt l'exception qui confirme la règle. Ce n'est pourtant pas difficile de s'interroger et de constater que l'on n'est plus en mesure de faire ce à quoi on s'est engagé (s'efforcer de trouver une solution à des conflits durables entre wikipédiens) et d'en tirer les conséquences pratiques.

vendredi 2 avril 2010

« Obama et Jintao font assaut d'amabilité »

C'est l'exploit du site lepoint.fr, sur sa page d'accueil, comme titre servant de lien vers une dépêche en réalité titrée « NUCLÉAIRE IRANIEN - Barack Obama et Hu Jintao à la manoeuvre ».

Le titre employé sur la page d'accueil du site lepoint.fr est curieux : le nom de famille du dirigeant chinois est « Hu » et certainement pas son nom personnel (l'équivalent de notre prénom) « Jintao ».

Cette caractéristique du nom de famille énoncé en premier est partagée, en Europe par les Hongrois, en Asie par les Japonais (à usage strictement interne, l'habitude ayant été impulsée par les Japonais eux-mêmes, à usage international, de placer le nom personnel avant le nom de famille), par les Coréens, par les Vietnamiens et quelques autres peuples.

En l'état, le titre raccourci employé sur la page d'accueil du site lepoint.fr — titre qui ne subsistera hélas pas longtemps, en dehors de ma copie d'écranci-dessous... — sonne aussi saugrenu que si l'on avait titré, en d'autres circonstances, « Obama et Dmitri en pleine entente cordiale », pour désigner les présidents américain et russe, en recourant au nom de famille du premier et au prénom du second.