vendredi 26 décembre 2008

Vigilantes gardiennes

La chatte Tara, entre deux bronzes représentant Jehanne la Pucelle.

dimanche 21 décembre 2008

Magouille au comité d'arbitrage de Wikipédia-FR

L'arbitre Gdgourou a fait très fort, ce soir. S'étant avisé, à la suite de l'intervention, à 18:54 (CET), dans la page Discussion Wikipédia:Comité d'arbitrage/Coordination, de Musicaline, complice objective d'Iluvalar (voir son harcèlement dans ma page de discussion), que l'arbitrage demandé était devenu, de facto, recevable ce 21 décembre à 09:25 (CET), quinze jours après le dépôt de la demande, il n'hésite pas, quelques minutes plus tard, au mépris de l'article 4 alinéa 3 du règlement du comité d'arbitrage, à déclarer celui-ci non recevable, à 19:21 (CET), dans la page centrale consacrée aux arbitrages, et ce sans même consulter les arbitres s'étant déjà prononcés, ni, à plus forte raison, ceux qui ne se sont pas encore prononcés.

Le règlement du CAr est pourtant clair : « Dans le cas où les arbitres ne se sont pas prononcés sur la recevabilité d'une demande dans les quinze jours de sa date d'inscription, la demande est réputée recevable. »

Le fait que, à l'échéance des quinze jours, cinq arbitres se soient prononcés pour la non recevabilité, tandis que trois n'avaient pas encore fait connaître leur opinion, signifie que l'on trafique ouvertement le fonctionnement du comité d'arbitrage.

Notons au passage que l'arbitre GDgourou n'a même pas eu le front, dans la page individuelle consacrée à l'arbitrage, de changer la Catégorie:Arbitrage en cours en Catégorie:Arbitrage non recevable, ni de demander dans le bulletin des administrateurs de procéder à la protection complète de la page d'arbitrage, comme il est de coutume après chaque clôture d'arbitrage, quelque soit le sens de la décision (un arbitre qui est par ailleurs administrateur ne procédant pas à cette protection, laissant un autre administrateur s'en charger).

J'appelle cela un putsch. Un de plus, dans la longue histoire du comité d'arbitrage, qui n'en est pas avare.

Par ailleurs, il est consternant que certains arbitres n'aient pas compris (ou fassent mine de ne pas avoir compris ?) que ce qui est en cause dans la requête d'arbitrage en question, ce n'est pas qu'Iluvalar soit venu faire son intéressant sur Wikinews, mais qu'il ait pris la liberté d'abuser de ses « fonctions » (informelles) de wikipompier, sur Wikipédia, et de vouloir détourner de leur finalité les wikipompiers, dont la seule vocation est de tenter de régler les conflits internes à Wikipédia (et nulle part ailleurs), en rouvrant un « feu » qui avait été créé par erreur, puis pris en charge par erreur par un wikipompier stagiaire, et qu'un ancien wikipompier avait clos puisque le conflit sur Wikinews n'avait pas lieu d'être importé sur Wikipédia.

La communauté wikipédienne n'ayant aucun droit de tutelle sur la communauté des contributeurs de Wikinews et n'ayant donc pas lieu de consacrer une page de suivi, sur Wikipédia, à un conflit survenu sur un projet indépendant de Wikipédia.

jeudi 18 décembre 2008

Actualités : un titre bon n'est pas forcément un titre court

Un exemple, ce jeudi 18 décembre, avec la dépêche de l'Agence France-Presse titrée « Travail dominical: la proposition de loi ajournée, au mieux, à la mi-janvier ».

Pourquoi ce titre est-il mauvais, à mon sens ? Tout simplement parce qu'une proposition de loi, qui n'est qu'un texte ayant pour vocation d'être examiné puis, éventuellement, voté par un parlement, ne saurait être ajournée. La seule chose qui est susceptible d'être ajournée, c'est l'examen de ladite proposition de loi.

C'est dommage car, pour une fois, on se trouve face à une dépêche AFP qui est relativement bien rédigée. Mais il s'est hélas trouvé quelque ignorant pour gâcher le boulot du rédacteur et affubler son texte d'un titre incorrect.

Alors qu'il était parfaitement possible d'opter pour : « L'examen de la proposition de loi sur le travail dominical est reporté, au mieux, à la mi-janvier ». Entre autres possibilités énonçant clairement le sujet de la dépêche. Le titre choisi par l'AFP comporte 76 caractères et espaces, celui que j'imagine en comporte 97.

Cela me fait forcément penser à la première des recommandations générales qui, sur Wikipédia, sont contenues dans la page Wikipédia:Conventions sur les titres : « Le titre idéal est le titre le plus court qui définit précisément le sujet. »

Je crains que, dans les écoles de journalisme, on n'applique un principe comparable, mais sans véritablement en comprendre la portée réelle, puisque cela conduit souvent, faute de réflexion, à énoncer des imprécisions voire des contre-vérités. L'exemple choisi ce jour n'est d'ailleurs ce qui se fait de pire, dans les merdiats, en matière de titres incorrects, approximatifs voire inexacts.

Cette question des titres courts, supposés plus percutants – dans le climat de zapping permanent de notre civilisation –, s'était posée, à une époque, sur Wikinews en français. D'aucuns en tenant pour des titres simplifiés à outrance, tandis que, lorsque je rédigeais encore, aux côtés de quelques rares autres rédacteurs, des articles pour ce projet peu connu hébergé par la Wikimedia Foundation, je n'hésitais pas à recourir à des titres formant de véritables phrases, et s'étendant sur deux lignes, comme on en rencontre encore dans certains organes de presse.

mercredi 17 décembre 2008

Il est TOUjours bien coiffé, ce Derrick...

Portrait de l'Inspecteur Derrick, incarné par Horst Tappert.
Image originale sous licence Free Art License 1.3 [en].
© Jean-Noël Lafargue (Jean-no)

Non, je ne suis pas ici pour verser des larmes de crocodile, comme on en voit quelques torrents dans les merdiats, à l'occasion de la disparition, samedi 13 décembre, de l'acteur allemand Horst Tappert, mort à l'âge de 85 ans, chose qui arrive à tout le monde... Loin de moi aussi l'idée de me réjouir de cette disparition, puisque je n'avais rien contre cette personne.

Il y a par contre plusieurs choses qui m'agacent souverainement, dans la façon dont les merdiats se sont précipités pour rapporter la mort de Horst Tappert.

En premier lieu, il y a ce concert subit de louanges, alors que, du vivant de Horst Tappert, on ne comptait plus, en France tout au moins, les articles ou billets se moquant avec condescendance de la série Inspecteur Derrick, évoquant par exemple la lenteur de son action, voire son côté soporifique.

Lequel côté supposé soporifique pouvait fort bien s'expliquer, en France, par le choix de l'heure des rediffusions sur France 3 en début d'après-midi, heure à laquelle de nombreux retraités s'affalent pour digérer tranquillement, après leur repas de midi, devant leur poste de télévision. J'en ai connu quelques-uns comme cela, qui s'assoupissaient immanquablement pendant la diffusion d'un des épisodes de la série, et cela n'était absolument pas imputable à celle-ci, mais tout simplement à la prédisposition de ces personnes à une sieste réparatrice après déjeuner. Notons que je connais d'autres « seniors » qui préfèrent, pour la sieste digestive, s'assoupir devant le spectacle pourtant captivant des Feux de l'amour, sur une chaîne concurrente, et ce alors que je n'ai jamais entendu parler du côté soporifique de ce feuilleton, aussi nullissime et décervelant puisse-t-il être sous d'autres aspects...

Au passage, cette popularité de la série chez les retraités a évidemment inspiré, en 1993, les scénaristes du film Les Visiteurs 2 : les Couloirs du temps, dans la courte scène où le personnage de Jacquouille fait irruption dans la salon de télévision du château de Montmirail, transformé en hôtel de luxe, salon dans lequel se trouvent deux vieilles dames dont l'une dit à l'autre : « Il est TOUjours bien coiffé, ce Derrick... », et ce juste avant que Jacquouille ne tende à l'une des vieilles dames un saladier rempli de mousse au chocolat en lui disant : « Tiens ça, vilaine ! ».

Toujours aux chapitres des louanges excessives, on a vu aussi Lejdd.fr oser parler, dans son article de ce lundi, du « drame national » que constituerait, en Allemagne, la disparition d'un acteur qui avait cessé, depuis dix ans et après 24 ans de bons et loyaux services, d'incarner le personnage qui lui avait apporté une renommée bien au-delà des frontières allemandes. Manifestement, le sens des proportions échappe à Gaël Vaillant, rédacteur de l'article.

En second lieu, il y a cette horripilante manie qu'ont certains merdiats, de mélanger le personnage et l'acteur qui l'incarnait. Lefigaro.fr, par exemple, sous la plume d'Isabelle Nataf, qui titre un de ses articles sur le sujet « L'inspecteur Derrick est mort à l'âge de 85 ans ». Ou encore tsr.ch qui prétend que « L'inspecteur Derrick est décédé ». Sans parler évidemment de la calamiteuse Agence France-Presse, qui titre sa dépêche « L'"Inspecteur Derrick" est mort à 85 ans » (en aggravant son cas, dans le texte, avec un « série télévisée éponyme », alors que c'est au contraire le personnage qui est éponyme de la série...), et alors que plusieurs dépêches AFP comparables, dans d'autres langues, sont mieux titrées :Soyons juste : tous les merdiats n'ont pas recouru à cette imprécision. On remarquera, par exemple, que Liberation.fr, qui avait pourtant basé son article sur la dépêche AFP, a préféré apporter une précision de taille dans son titre : « Horst Tappert, alias «Inspecteur Derrick», est mort ».

Le pompon revient, comme il est bien naturel, à un fleuron de la presse de caniveau, Voici.fr, dépendant de l'hebdomadaire Voici, qui, dans une dépêche indépendante de celle par laquelle il avait relayé l'annonce de la mort de Horst Tappert, titre sans rire une autre dépêche « Mort de Derrick : l’hommage de Navarro » pour énoncer la réaction de l'acteur Roger Hanin, interprète du personnage du commissaire Navarro, à l'annonce de la disparition de l'acteur Horst Tappert, interprète du personnage de l'inspecteur Derrick. Leur dépêche sur la réaction de « Navarro » se termine d'ailleurs par une phrase grotesque : « On attend sous peu les réactions de Julie Lescaut, du commissaire Moulin et des Cordier… », là où, en réalité, il devrait être question des acteurs Véronique Genest (Lescaut), Yves Rénier (Moulin) et Pierre Mondy (l'aîné des Cordier).

Ce travers de remplacement, dans les merdiats, du nom de l'acteur par celui de son personnage vedette, pour désigner des péripéties de la vie de l'acteur, est devenu archi-courant depuis quelques années. On pourrait par exemple remplir des pages entières de listes de couverture de magazines télé où l'on annonce le mariage ou le divorce de tel ou tel personnage alors que, en fait, c'est l'acteur qui s'est marié ou a divorcé... Il serait intéressant de vérifier si les merdiats, dans d'autres langues, cèdent à cette facilité abusive qui, même si l'on n'y prend pas garde, introduit un peu plus de confusion dans des esprits qui sont déjà bien chamboulés par le matraquage et le décervelage véhiculés par la télévision depuis plusieurs décennies.

dimanche 14 décembre 2008

Le repos du guerrier

Après cette quatrième séance de sport d'hiver déneigement de la journée, et alors que j'ai les bras en compote, il est temps de s'arrêter pour boire un thé bien chaud.

Les murailles ont bien avancé, et si ça continue à ce rythme (mais ça va ralentir), il sera bientôt temps de faire bouillir la poix dans les chaudrons, pour la verser du haut des remparts sur les éventuels assaillants jansénistes...

Ma princesse

Il y a quelques minutes, la belle Ola, dix ans et demie, qui, si elle adore sortir se rouler dans la neige, déteste par contre sortir quand il neige.

Il faudra, mais ce sera beaucoup plus difficile, que j'arrive à faire des photos des jeunes chats (Diogène et Daphnis), qui n'hésitent pas non plus à sortir dans la neige, jusqu'au sommet de mes murailles de neige (tandis que leur mère, Tara, reste bien au chaud et ne se risque pas dehors).

Les Restos du cœur...

Aujourd'hui on n'a plus le droit
ni d'avoir faim ni d'avoir froid
dépassé le chacun pour soi
quand je pense à toi, je pense à moi...


Par contre, je ne sais pas comment venir en aide – si toutefois c'est vraiment nécessaire –, à ce genre de SDF, dont j'ai surpris la trace hier en faisant le tour de mon « domaine »...


Ajout vers 15:45 CET, ce dimanche 14 décembre : ci-dessus, une autre mangeoire à oiseaux, mise en place samedi midi au sommet d'un piquet planté dans une de mes murailles de neige, devant la maison. La couche de neige au-dessus de la mangeoire dépassait 20 cm, dans un endroit bien venteux. En fait il est tombé beaucoup plus de neige que cela : là où le chasse-neige municipal est passé pour faire la trace, en fin de matinée, il y a maintenant de nouveau plus de 10 cm d'épaisseur...

vendredi 12 décembre 2008

Quelques âneries merdiatiques en marge de l'« affaire Virgin Killer »

Pochette originale de l'album Virgin Killer [en] des Scorpions, paru en 1976
Image copyrightée sous fair use
Loin de moi l'idée de revenir sur le fond de l'« affaire Virgin Killer [en] », du nom de la page Web de la Wikipédia en anglais censurée, ces jours derniers, par divers fournisseurs d'accès britanniques, pour cause d'apparition de ladite page sur une liste noire tenue par l'Internet Watch Foundation, organisme privé censé lutter contre la pornographie enfantine.

Astrid Girardeau, par exemple, ou encore David Monniaux, ont parlé avec compétence de cette affaire, d'une manière somme toute professionnelle, même si, au moins pour le second, le journalisme n'est pas sa profession (ce qui explique peut-être, justement, son souci de recherche, qui l'a conduit, depuis le début de la semaine, à consacrer pas moins de cinq billets à cette affaire).

J'ai plutôt envie, à cette occasion, de m'attacher à relever quelques âneries proférées par les merdiats (souvent avides de sensationnel, par ailleurs).

Prenons d'abord l'Agence France-Presse (en passe de devenir ma bête noire, aux côtés du site lemonde.fr et du « quotidien de référence », Le Monde, dont il est l'émanation, même s'ils ont des rédactions indépendantes).

La plus récente dépêche de l'AFP sur le sujet, titrée « Une page Wikipedia bloquée en début de semaine à nouveau visible », a été publiée mercredi 10 décembre. Si, à la différence d'autres articles vus ailleurs, elle ne parle pas d'un blocage de l'accès à l'image (que les censeurs britanniques n'auraient jamais bloquée, si j'ai bien suivi l'affaire, se contentant de bloquer stupidement l'accès à l'article sur lequel était affichée l'image), la dépêche de l'AFP n'en contient pas moins de grossières erreurs :
  • Les inexactitudes commencent dès le titre de la dépêche – « Une page Wikipedia bloquée en début de semaine à nouveau visible » –, puisque le blocage de la page consacrée à l'album Virgin Killer n'a pas eu lieu « en début de semaine », mais probablement le samedi 6 décembre [en], soit au lendemain de l'inscription de l'article Virgin Killer sur la liste noire de l'IWF, intervenue vendredi 5 décembre [en].
  • Ensuite, on passe à la première phrase de la dépêche, qui commence par « Un organisme britannique de contrôle de l'internet est revenu sur sa décision de bloquer l'accès [...] », qui est idiote, puisque ce n'est pas l'IWF qui bloque l'accès (il n'en a pas techniquement les moyens), mais les fournisseurs d'accès britanniques liés à cet organisme, qui n'est là que pour recevoir les plaintes et dresser la liste noire à laquelle se réfèrent ensuite les FAI.
  • La page qui a été bloquée n'est pas « une page Wikipedia dédiée au groupe de rock allemand Scorpions » mais une page consacrée à l'album Virgin Killer, publié en 1976 par les Scorpions, ce qui n'est pas du tout la même chose, l'article consacré au groupe n'ayant jamais été bloqué.
  • L'erreur de désignation de l'article bloqué est répétée dès le second paragraphe, dans cette formule : « placé le week-end dernier la page de Wikipedia consacrée au groupe Scorpions sur liste noire ».
  • Un peu plus loin, on trouve aussi ce morceau de phrase  « La Fondation Wikimedia, dont fait partie Wikipedia », tout à fait inexact, puisqu'il peut laisser à penser que le contenu des projets Wikipédia appartiendrait à la Wikimedia Foundation, ce qui n'est bien sûr pas le cas. La fondation est simplement propriétaire de la marque Wikipedia et des serveurs qui hébergent les 250 versions de l'encyclopédie en diverses langues. Qu'il y ait, en raison de l'« architecture informatique », un lien fort entre les projets Wikipédia et la Wikimedia Foundation est une chose, mais il serait bon de décrire les choses telles qu'elles sont.
Il y a aussi Ti-Effe-Ouanne/Elle-Scie-Aïe qui se distinguent, cette fois en bombardant, sur leur site commun tf1.lci.fr, « Sue Gardner présidente de la Fondation Wikimedia », dans un article de Fatoumata Bakily, titré « Wikipedia : la censure qui fait de la pub », publié jeudi 11 décembre.

Or, Sue Gardner n'est qu'une « simple employée », salariée de la Wikimedia Foundation, certes cadre de haut rang, qui porte le titre de directeur exécutif [en] (Executive Director). La Wikimedia Foundation, quant à elle, est présidée par un bénévole, Michael Snow, portant le titre de président du conseil d'administration [en] (Chair of the Board of trustees).

Notons que, parallèlement, l'article de tf1.lci.fr indique aussi que « la page de l'encyclopédie en ligne Wikipedia consacrée au groupe de rock, Scorpions a été interdite d'accès [...] ».

N'en jetons plus : je suis persuadé que, rien que pour cette stupide « affaire Virgin Killer », on pourrait citer des dizaines d'approximations, erreurs et contre-vérités glanées dans les merdiats, censés informer le consommateur, et non l'égarer, par incompétence, paresse ou bêtise, avec des conneries qui ne reflètent en rien la réalité des choses.

mercredi 10 décembre 2008

Du traitement merdiatique de la disgrâce annoncée de Rama Yade

Rama Yade, le 23 mai 2007 lors d'une réunion publique à Paris
Cliché original sous licence Creative Commons Paternité 3.0 Unported.
© Marie-Lan Nguyen (Jastrow)
Cliché, recadré, réduit et modifié par mes soins
(Picasa + M$-Paint,
on ne rigole pas...)
L'affaire commence dimanche 7 décembre, dans la soirée, lorsque Rama Yade, secrétaire d'État auprès du ministre français des Affaires étrangères et européennes, chargée des Droits de l'homme, déclare au micro du Grand jury LCI-RTL-Le Figaro, qu'elle n'envisage pas d'être candidate aux élections européennes de juin 2009, et ce alors même qu'elle était vivement encouragée en ce sens par Nicolas Sarkozy, président de la République, dont elle passait, dans certains milieux de droite nationale, pour une des protégées, à l'instar de Rachida Dati, garde des Sceaux, ministre de la Justice, et une de ses cautions multiethniques.

Gros émoi dans les rangs du Sarkoland : l'une des benjamines du gouvernement a osé tenir tête à Sa Majesté, en ne lui envoyant pas dire que son ambition était tout autre qu'un strapontin d'eurodéputé à Strasbourg et Bruxelles, même élue en tête de la liste UMP en région Île-de-France, comme cela se murmurait depuis des semaines. Madame rêve apparemment d'un mandat électif national, comprendre au Palais-Bourbon.

Rama Yade a décliné la proposition élyséenne dans ces termes : « Je ne veux pas être dans une situation où je trouve ce mandat prématuré, et que je ne donne pas le meilleur de moi-même et donc que je déçoive. Donc, je ne suis pas candidate à un mandat européen. », souhaitant que « le président de la République puisse trouver de l'utilité » dans ce qu'elle fait, dans les engagements qu'elle prend et indiquant également ne pas vouloir se trouver dans une situation qui ne lui permette pas de « donner le meilleur ».

La punition n'a pas tardé : selon des confidences non attribuées citées mardi par le site lemonde.fr, M. Sarkozy aurait été profondément déçu par le camouflet que lui a infligé Rama Yade, tandis que ses proches énoncent qu'elle n'aurait pas de sens politique et font savoir que c'en est désormais fait des chances de Rama Yade de succéder à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, nommé la tête de l'Autorité des marchés financiers à compter du 15 décembre.

Bernard Kouchner, le 17 mai 2006 lors d'une réunion publique à Fribourg (Suisse)
© Fanny Schertzer (Inisheer)
Cliché, recadré, réduit et modifié par mes soins
(Picasa + M$-Paint,
on ne rigole pas...)
Le coup de grâce, qui pourrait éventuellement laisser présager une éviction prochaine de Rama Yade du gouvernement, arrive ce mercredi 10 décembre, au détour d'un entretien accordé par Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, au quotidien Le Parisien-Aujourd'hui en France. Le ministre, à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'homme, annonce subitement qu'il aurait eu « tort de demander un secrétariat d’État aux Droits de l’homme » lors de la constitution du premier gouvernement de François Fillon, alors même que lui-même, il y a une vingtaine d'années, avait décliné la proposition d'occuper un tel poste dans le premier gouvernement de Michel Rocard. M. Kouchner justifie son mea culpa par la « contradiction permanente entre les droits de l’homme et la politique étrangère d’un Etat, même en France », tout en prenant soin, immédiatement, de faire mine de ne pas enfoncer Rama Yade, en estimant qu'elle « a fait, avec talent, ce qu’elle a pu » et en ajoutant, plus loin, qu'il « parle de la structure bien sûr, pas des personnalités ».

Parallèlement, compte tenu dudit 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'homme, Rama Yade accorde également un entretien au quotidien Metro de ce mercredi, dans lequel elle présente, au détour d'un paragraphe, son bilan de secrétaire d'État au cours des dix-huit mois écoulés, en réponse à une question sur ses déclarations de dimanche soir.

C'est là qu'on en vient au nœud du problème : plusieurs journalistes n'ont pas hésité, ce matin, à chercher à faire monter la sauce, au delà des déclarations respectives de l'un et de l'autre, pour faire prendre des vessies pour des lanternes.

Tout d'abord, la rédaction de leparisien.fr, site lié au Parisien, n'hésite pas, dans un article en ligne titré « Rama Yade se défend », à prétendre que Bernard Kouchner aurait « violemment remis en cause » la secrétaire d'État dont il a la tutelle, alors que chacun peut se reporter à ses propos réels imprimés dans les colonnes du Parisien, propos qui, s'ils pourraient aisément être considérés comme condescendants voire discrètement méprisants, ne sauraient être considérés comme faisant preuve de « violence ». La tonalité de l'article dans son ensemble, qui reprend l'ensemble du paragraphe consacré, dans le quotidien Metro, au bilan de la secrétaire d'État, est aussi particulièrement sournoise puisque, bien que leparisien.fr prenne soin de préciser que les propos de Rama Yade ont été tenus avant que ne soit connue la teneur de ceux de Bernard Kouchner, l'impression générale du lecteur, qui commence dès le titre de l'article, est que Mme Yade répond à son ministre, ce qui n'est pas le cas.

Mais la rédaction de lemonde.fr, site web lié au quotidien Le Monde, fait encore mieux. Dans un article titré « Kouchner regrette la création du secrétariat aux droits de l'homme », les journalistes du Monde interactif, partant de la lecture des journaux et, apparemment, de celle d'une dépêche non identifiée de l'Agence France-Presse, n'hésitent pas à prétendre, au mépris de la réalité et de l'évidence, que la secrétaire d'État aurait répliqué à son ministre de tutelle, le paragraphe concerné commençant par cette phrase : « Des déclaration qui ont appelé une réplique immédiate de Mme Yade, qui a répondu à son ministre de tutelle en affirmant avoir "fait beaucoup de choses" depuis sa prise de fonction. », ce qui est, sinon mensonger, du moins parfaitement inexact.

Plus c'est gros, mieux ça passe ? Il faut quand même remarquer que si d'autres sites d'information reprennent des éléments en provenance de ces entretiens croisés accordés au Parisien et à Metro, tous n'ont pas le front de travestir la réalité pour présenter les faits de manière inexacte.

Note : je prends désormais la précaution d'archiver une copie privée de toutes les pages Web liées, dès l'instant où elles ne sont pas sur un site hébergé par la Wikimedia Foundation.

dimanche 7 décembre 2008

Le rythme trépidant des villages montagnards

Une grille de loto traditionnel.
Pour une fois, évoquons un peu la vie dans cette riante contrée qui est la mienne. J'ai innové, hier, en allant passer tout l'après-midi à la salle polyvalente de ma commune, à l'occasion du loto annuel des Amis d'***. Croyez-le ou pas, mais il aura fallu que je franchisse le cap du demi-siècle pour assister à une de ces manifestations hautement culturelles et sociales.

Il aura fallu pas moins de dix minutes d'explications embrouillées, d'une de mes voisines de table, pour que je comprenne le principe du jeu. Certes, je suis revenu chez moi sans grille-pain (qui eût pu tenir compagnie au vénérable et quadragénaire grille-pain qui partage mon existence), sans tournevis cliquant, sans cafetière « à capsules » (le clou de la manifestation, au sujet duquel je ne sais toujours pas si sa fonction première est d'emmener des astronautes sur la Lune...), sans appareil photo numérique, sans parure de drap, sans lampe de chevet (je ne vous raconte pas la tronche de la lampe...), ni service à découper le fromage, ni machine à pain tout inox, etc.

Mais que ne donnerait-on pas, lorsque l'on fait le choix délibéré de vivre, neuf mois sur douze, totalement isolé dans son hameau (avec pour seule compagnie deux chiennes, trois chats, un grille-pain et une machine à pain, ce qui fait certes déjà du monde), pour aller se réchauffer l'âme, une après-midi durant, dans une salle polyvalente surchauffée et bondée (nous étions plus d'une d'une centaine, soit plus que le nombre d'habitants de la commune) ? Ce fut aussi l'occasion de quelques observations intéressantes sur la vie des communes rurales, et sur la faune qui y évolue.

On s'aperçoit par exemple que, dans ces lotos ruraux, il peut se faire que plus des trois quarts de l'assistance soit totalement étranger à la commune de la manifestation, certains faisant jusqu'à 50 km en bagnole pour s'y rendre, et s'étant mués, faute de casino où exercer leur passion du jeu, en véritables écumeurs de lotos ruraux.

J'ai tenté d'interroger mes voisines de table sur le sujet, et j'ai cru comprendre, à demi-mot, qu'elles devaient bien en « faire » entre 20 et 30 dans l'année (du moins à la mauvaise saison, puisque ce type de manifestation a plutôt lieu hors saison). Elle et son amie ne se déplacent pas sans quelques commodités pour entretenir la convivialité, à savoir plusieurs tupperwares remplis de jetons aimantés transparents à poser sur les cases des cartons de jeu fournis par les organisateur, ainsi que des espèces d'« attrape-jetons » également aimantés (et pourvus d'un logement pour ranger au besoin un porte-bonheur !) pour ramasser plus vite les jetons sur les cartes.

Qu'on ne croie pas pour autant que, à jouer les entomologistes, j'en profiterais pour me montrer narquois. J'ai au contraire trouvé cet intermède fort intéressant, et ça donnerait me presque envie de remettre cela, dans un proche avenir, pour étudier un peu plus près cet aspect curieux de la vie sociale rurale.

Au passage, pour rebondir sur un billet récent de Pierrot le Chroniqueur, on pourrait envisager un loto de Wikipédia pour renglouer les caisses (n'importe lesquelles, d'ailleurs) : à force d'entraînement, et en multipliant les cartons de jeu, j'aurai peut-être enfin droit au yacht aux Bahamas, avec les créatures pulpeuses pendues à chacun de mes bras...

Prochains chapitres : la sociologie des belotes rurales, celles des brocantes et autres vide-greniers, sans parler, évidemment, des concours de pêche ou de pétanque. Je plaisante bien sûr. Quoique...

lundi 1 décembre 2008

La farouche résistance de Dominique de Villepin

Dominique de Villepin, à une date inconnue, probablement lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères.
Auteur : José Cruz pour Agência Brasil
Licence Creative Commons Atribuição 2.5 Brasil [pt], rappelée sur la page de description d'une copie du cliché sur Wikimedia Commons.
Je savais, bien sûr, pour suivre régulièrement l'actualité, que Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, avait choisi de contre-attaquer devant le Conseil d'État, juridiction suprême en matière de droit administratif, dans le long feuilleton Clearstream.

L'avant-dernier épisode était constitué par l'ordonnance de renvoi de Dominique de Villepin devant le tribunal correctionnel, le 17 novembre 2008, par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons.

Auparavant était intervenu le 27 août, un décret de nominations collectives dans la magistrature, au sein duquel on remarquait la cessation des fonctions d'Henri Pons comme juge d'instruction au tribunal de garnde instance de Paris et sa nomination, à partir du 3 novembre, au sein de la cour d'appel de Montpellier.

Puis, le 27 octobre, un nouveau décret signé Nicolas Sarkozy, par ailleurs partie civile dans l'affaire Clearstream, prolongeait de 17 jours les fonctions du juge Pons au TGI de Paris, donc jusqu'au 19 novembre), et sa nomination à Montpellier (le 20 novembre).

Le 7 novembre, les avocats de M. de Villepin lançaient devant le Conseil d'État la procédure de requête en annulation du décret du 27 octobre, se réservant de compléter ultérieurement cette requête par un mémoire ampliatif, déposé le 24 novembre, mémoire dans lequel il est notamment mis en évidence que la cessation des fonctions du juge Pons à Paris est intervenue deux jours après la signature de l'ordonnance de renvoi de Dominique de Villepin devant le tribunal correctionnel.

La défense de M. de Villepin accuse donc ouvertement l'actuel président de la République de détournement de pouvoir (en la circonstance le pouvoir de nomination) pour la satisfaction de ses intérêts personnels.

En outre, dans la section VII du mémoire, il est également reproché à M. Sarkozy d'avoir commis une « violation du droit à un procès équitable et plus particulièrement du principe de l'égalité des armes, tel qu'il a été dégagé par la Cour européenne des droits de l'homme ».

Divers quotidiens ont évoqué la contre-attaque de Dominique de Villepin, mais je découvre aujourd'hui que le texte intégral du mémoire ampliatif déposé par l'ancien Premier ministre contre l'actuel président de la République se trouve reproduit dans son intégralité (24 pages) sur le site lesechos.fr, au format PDF (313 ko).

Il n'est pas inutile de prendre connaissance de ce texte implacable, soit en passant par la brève « Clearstream : le mémoire de Dominique de Villepin », soit directement à l'adresse du document PDF. Dans l'éventualité où ce document disparaîtrait, pour une raison ou une autre, du site lesechos.fr, il en existe des copies disséminées dans la nature...