samedi 31 juillet 2010

LeFigaro.fr, le Conseil constitutionnel et la garde à vue

Nouveau billet motivé par la montée en première ligne du Conseil constitutionnel, hier, dans le débat politico-judiciaire sur le régime de la garde à vue de droit commun, avec censure programmée de cinq articles du code de procédure pénale, prenant effet au 1er juillet 2011.

Si de nombreux titres de presse ont accordé à cet événement une place de choix, alors que l'actualité n'est pourtant pas avare de faits intéressants, on remarquera la place plus que discrète accordée par le site LeFigaro.fr à la déclaration d'inconstitutionnalité, par le Conseil constitutionnel, de tout un pan du Code de procédure pénale consacré au régime de la garde à vue de droit commun.

Certes, on y trouve un article de Bastien Hugues, publié vendredi en fin d'après-midi, titré « Les Sages exigent une réforme de la garde à vue », mais ce qui est franchement remarquable, c'est la page d'accueil du site LeFigaro.fr, qui, à l'heure où j'écris, relègue la nouvelle en 21e position, après les titres suivants 
  • La France s'offre deux nouvelles médailles d'or ;
  • Athlétisme : les quatre raisons du renouveau tricolore ;
  • Retour à la normale sur la route des vacances ;
  • Chavez déploie des troupes à la frontière avec la Colombie ;
  • La Russie ravagée par des feux de forêt ;
  • Le comédien Philippe Avron est mort ;
  • Dernier jour pour les plans
    de dégraissage des ministères ;
  • Baisse des départs à la retraite en 2009 ;
  • Délinquance : les propos de Sarkozy choquent l'opposition ;
  • Sécurité : la garde rapprochée de Sarkozy ;
  • Insécurité : «C'était intenable, nous sommes partis» ;
  • Un octogénaire séquestré par sa famille ;
  • Polémique autour des centres de consommation de drogues ;
  • Love Parade: Duisbourg honore ses morts ;
  • Vettel s'offre une nouvelle pole position 
  • De plus en plus de femmes proxénètes en France ;
  • PPR : Pinault maintient le cap vers le luxe ;
  • Le Cléac'h s'impose à Gijon ;
  • La rupture entre Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini est consommée ;
  • Des centaines de morts dans des inondations au Pakistan.
D'aucuns argüeront, probablement, que LeFigaro.fr est victime d'un supposé système d'indexation de nouvelles en fonction de leur caractère « brûlant » et des nécessités d'une actualité vitale — genre « Baisse des départs à la retraite en 2009 » ou « De plus en plus de femmes proxénètes en France », par exemple ? —, mais il est probable que quelques mauvaises langues y verront au contraire la patte d'un intervenant haut placé dans l'encadrement de ce site, à moins que cela n'entraîne, mais avec quinze jours de retard, un communiqué de protestation de la Société des journalistes du Figaro, que l'on n'a malheureusement guère vu reproduit dans son intégralité, dans les médias, bien qu'il fût du plus haut intérêt :
Chers Confrères,

Le Figaro est aujourd’hui publiquement mis en cause pour avoir publié, sur son site internet le jeudi 8 juillet, et à la Une de son Quotidien, le vendredi 9 juillet, un morceau choisi du procès-verbal de l’audition de l’ex-comptable de Mme Bettencourt. Ce PV tronqué fut assorti d’un article non signé, qui participait à l’évidence de la stratégie de communication élaborée à l’Elysée.

Dans cette même édition du 9 juillet dernier, le directeur des Rédactions, Etienne Mougeotte, dans son éditorial de Une, reprochait au site Mediapart d’avoir « dérogé à deux règles de l’art. Il a publié des accusations sans les avoirs vérifiées. Il a orienté le témoignage de l’ancienne comptable de Mme Bettencourt pour lui faire dire autre chose que ce qu’elle voulait dire ».

Au nom de ce même « art » journalistique, les gérants de la Société des Journalistes du Figaro, à la demande de nombreux confrères, rappellent quelques règles de notre profession :
  • Les articles doivent être signés, c’est-à-dire assumés par leur auteur.
  • L’expérience a démontré que les journalistes en charge d’un dossier sont généralement les mieux à même pour jauger la pertinence d’une information nouvelle. Dans l’affaire présente, la SDJ déplore que ni Cyril Louis, ni Mathieu Delahousse, qui suivaient ce dossier, n’aient été avertis du « scoop » sur lequel la direction venait de mettre la main.
  • Rappelons enfin que les informations doivent d’abord être vérifiées, puis exposées dans leur globalité et replacées dans leur contexte. C’est notamment le B.a.-ba pour tout journaliste du service Info Géné que de considérer les procès-verbaux dans leur intégralité. Sinon, le journaliste prendrait le risque d’orienter les débats et de faire dire au témoin autre chose que ce qu’il voulait dire.
Confraternellement.
Les gérants de SDJ du Figaro
N'ayant pas eu le communiqué en main, je ne saurais garantir l'exactitude de l'orthographe — il y a notamment une faute, répétée, sur le prénom du journaliste Cyrille Louis —, de la typographie et de la mise en page.

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