dimanche 1 août 2010

Mougeotte, Le Figaro, @rrêt sur images... et Wikipédia

Je rapportais, il y a quelques heures, en annexe de mon billet « LeFigaro.fr, le Conseil constitutionnel et la garde à vue », l'existence d'un communiqué de la Société des journalistes du Figaro, diffusé autour du 21 juillet, et qui semble avoir été initialement publié — ou simplement évoqué — dans les colonnes du Canard enchaîné, si l'on en croit le site @rrêt sur images, qui en fait la matière d'une brêve, le 22 juillet, titrée « Figaro / PV tronqué Thibout : les journalistes contre Mougeotte ».

Là où ça se corse, c'est que @rrêt sur images semble commettre une grossière erreur, en attribuant à la SDJ des accusations contre Étienne Mougeottte (accusations non vérifiées et orientation de témoignage), alors que tout laisse à penser que, en réalité, le communiqué du SDJ, s'il fait trois effectivement reproches au directeur des rédactions du Figaro :
  • avoir publié un « PV tronqué (...) assorti d’un article non signé, qui participait à l’évidence de la stratégie de communication élaborée à l’Elysée ,
  • avoir lui-même (Étienne Mougeotte) reproché à Mediapart d'avoir « dérogé à deux règles de l'art » (publication d'accusations non vérifiées et orientation d'un témoignage),
  • ne pas avoir impliqué les journalistes Cyrille Louis et Mathieu Delahousse, chargés du suivi de cette affaire, dans la vérification des informations que la SDJ tient pour téléguidées par l'Élysée.
Voici comment cela se présente encore à l'heure actuelle sur arretsurimages.net, dans la brêvbe « Figaro / PV tronqué Thibout : les journalistes contre Mougeotte » :
[...] Dans un communiqué cinglant, repris par Le Canard enchaîné du 21 juillet, la SDJ dénonce "un PV tronqué, assorti d'un article non signé, qui participait à l'évidence de la stratégie de communication de l'Elysée". Mougeotte est directement mis en cause : "Il a publié des accusations sans les avoir vérifiées. Il a orienté le témoignage de l'ancienne comptable pour lui faire dire autre chose que ce qu'elle voulait dire". Par ailleurs, la SDJ regrette que les journalistes en charge du dossier n'aient "pas été avertis du scoop sur lequel la direction venait de mettre la main".
La première partie était conforme au communiqué intégral, tel que je l'ai trouvé à deux endroits sur le Web et conforme aussi au compte-rendu fait par la journaliste Julie Saulnier, qui a fait un article sur le sujet, le 26 juillet, sur le site Lexpress.fr. J'ai mis en emphase grasse la partie du communiqué interprétée de façon erronée par @rrêt sur images.

Là où cela devient encore plus gênant, c'est lorsqu'on voit la chose, il y a trois heures, plus ou moins répercutée sur Wikipédia, dans l'article « Affaire Woerth-Bettencourt », sans précaution et sans vérification minimale, dans les termes suivants :
La société des journalistes du Figaro parlent à propos d'un article publié dans leur journal de « PV tronqué, assorti d'un article non signé, qui participait à l'évidence de la stratégie de communication de l'Elysée », et de témoignage de l'ancienne comptable « orienté » « pour lui faire dire autre chose que ce qu'elle voulait dire ».
Certes, l'erreur est plus ou mois atténuée par rapport à l'erreur initiale trouvée sur le site @rrêt sur images, puisque le rédacteur wikipédien ne dit pas explicitement que Le Figaro aurait publié un témoignage orienté de Claire Thibout, ni qu'il lui aurait fait dire autre chose que ce qu'elle voulait dire. Mais c'est sous-entendu, surtout lorsque cet ajout est suivi d'une référence à la brêve du site @rrêt sur images.

Plutôt que de m'énerver, je crois plus utile de montrer l'erreur, et de renvoyer à la conclusion de mon, billet du 19 juillet, « Du danger de vouloir « couvrir » trop vite l'actualité » : « Tout cela pour dire qu'on peut être habitué à lire abondamment les médias et, par inattention, laisser passer de grossières erreurs, et que, dans certains cas, cela peut avoir des conséquences gênantes... »

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