mercredi 3 novembre 2010

« Espionnage de journalistes » ou pas ?

Le Canard enchaîné, dans son numéro 4697 daté du mercredi 3 novembre 2010 (paru hier à Paris), prétend que Nicolas Sarkozy, président de la République française, superviserait l'espionnage d'un certain nombre de journalistes. Assertion évidemment démentie, parfois avec une indignation surjouée, dans les rangs proches de l'actuel locataire de l'Élysée.

C'est possible, ou bien c'est fantaisiste. Je n'en sais rien, encore que j'aie bien une conviction intime, mais qui n'est d'aucune importance dans le brouhaha du jour.

Ce qui est amusant, en revanche, c'est que tout le petit monde qui s'offusque aujourd'hui de cette affaire, ou qui hier montait au créneau pour l'implication supposée de proches du pouvoir dans les multiples affaires liées de près ou de loin à Liliane Bettencourt, semble oublier autre chose, à mon avis beaucoup plus important et qui, cette fois, ne souffre aucune contestation.

Je veux bien sûr parler du projet de constitution européenne, qui fut souverainement rejeté par le peuple français, le 29 mai 2005, par 54,68 % des suffrages exprimés, ce qui n'a pas empêché le sieur Sarkozy de piétiner allègrement la volonté populaire exprimée de manière largement majoritaire :
  • en signant, le 13 décembre 2007, le traité de Lisbonne — le qualifiant mensongèrement de « mini-traité » et faisant croire qu'il ne serait pas un simple ravalement de façade du projet de constitution européenne,
  • puis en faisant autoriser la ratification du traité par l'Assemblée nationale et le Sénat, les 7 et 8 février 2008,
  • et enfin en promulguant cette loi de ratification, le 13 février, et en la faisant publier au Journal officiel, le 14 février.
Il est des gens de ma connaissance qui considèrent ce comportement présidentiel comme une série d'actes de haute trahison, définition certes commode, puisque ce concept n'est pas défini, en droit français.

On remarquera pour finir que, parmi les vertus indignées du jour, certaines, et non des moindres, notamment à gauche — mais je n'aurai pas la cruauté de citer des noms... —, furent bien silencieuses, tout au long du processus de piétinement de la volonté populaire réticente exprimée en France et aux Pays-Bas au printemps 2005.

Cependant, il serait temps, comme je l'ai déjà dit, qu'un nouvel Hercule vienne nettoyer les écuries d'Augias de ce petit monde politique français. Hélas, cet « avatar » contemporain du héros antique n'existe pas.

Pour autant, je ne cracherai pas sur des « explications » complémentaires dans cette succession de sombres affaires de journalistes supposés étroitement surveillés, sans parler de la série récente de cambriolages de domiciles de journalistes ou de locaux d'entreprises de presse. Tout ce qui est susceptible d'apporter un semblant de lumière sur de possibles basses pratiques liées au très délétère climat politique actuel me semble pouvoir être, au final, une bonne chose.

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