vendredi 19 septembre 2008

Ambiance wikipédienne chez les ministres népalais

Petite toile de fond : le 31 août dernier, quatre mois après l'élection de l'Assemblée constituante au Népal, le premier cabinet de la nouvelle république était enfin constitué, sous la direction de Pushpa Kamal Dahal, alias « Prachanda », leader du parti maoïste.

Ce cabinet comprend :Tout ce petit monde s'est engagé sur un programme commun minimal de gouvernement mais, dès avant la constitution finale et officielle du cabinet, les disputes n'ont pas manqué, notamment pour des questions de préséance.

La dispute actuelle prend racine, il y a deux semaines, à la suite d'inondations catastrophiques dans le sud-est du Népal, après la rupture de digues sur la rivière Koshi, dans l'intervention du mouvement de jeunesse maoïste, dans le district de Siraha, pour reprendre le contrôle, avec le soutien de Matrika Yadav, ministre maoïste chargé de la Réforme agraire, d'immeubles et de terres qui avaient été restitués à leurs propriétaires, afin de les redistribuer de manière autoritaire aux pauvres ou de reloger quelques-uns des nombreux sans-abri(1) occasionnés par cette catastrophe.

D'autres partis, aussi bien de l'opposition (le Congrès népalais, de l'ancien Premier ministre Girija Prasad Koirala) que membre de la coalition gouvernementale, ont protesté contre ce coup de force.

Le ministre des Affaires étrangères, Upendra Yadav, président du Forum des droits du peuple madhesi, Népal (MJF), était d'ailleurs aussitôt intervenu auprès de son collègue Bam Dev Gautam, par ailleurs vice-Premier ministre et chef de file, au sein du cabinet, des six représentants du PCN-MLU, pour protester contre ce coup de force du mouvement de jeunesse maoïste et dénoncer un coup de canif au programme commun minimal de gouvernement ayant justifié la constitution du nouveau cabinet.

Mercredi, l'un des ministres du PCN-MLU, Kiran Gurung, chargé de la Forêt et de la Conservation de la terre, a carrément accusé son collègue Matrika Yadav, d'être vecteur d'anarchie (The irresponsible activities of the minister (Yadav) will only create further anarchy [...]) (2).

Comme on pouvait le prévoir, le ministre de l'Intérieur, Bam Dev Gautam, a envoyé les forces de l'ordre pour faire cesser l'occupation illégale des bâtiments et terres confisqués par le mouvement de jeunesse maoïste. Et, bien entendu, ce jeudi, Matrika Yadav a répliqué, en protestant contre le fait que son collègue aurait, selon ses vues, interféré avec son propre domaine de compétence et, cerise sur le gâteau, en portant implicitement de graves accusations non nominales mais transparentes (I think some ministers are influenced by land mafia) (3).

Il est permis de se demander, au passage si, dans cette affaire, le ministre de la Réforme agraire, Matrika Yadav, et le mouvement de jeunesse maoïste ne seraient pas les poissons pilotes d'un autre maoïste bien silencieux depuis la « finalisation » du cabinet, en l'occurrence le très influent Baburam Bhattarai, ministre des Finances.

Bhattarai, en effet, n'avait pas caché son mécontentement de voir le chef de file des ministres du PCN-MLU promu au second rang protocolaire au sein du cabinet, tandis que lui-même se trouvait rétrogradé au troisième rang, avec l'humiliation supplémentaire de ne même pas disposer, en guise de lot de consolation, d'un titre de vice-Premier ministre.

Les négociations pour la formation du cabinet semblaient s'acheminer, initialement, vers la nomination de trois vice-Premiers ministres, pour chacun des trois « grands » partis (PCN-M, PCN-MLU et MJF) et « Prachanda » lui-même avait paru donner crédit à cette perspective de nomination de trois vice-Premiers ministres.

Venons-en maintenant au titre de ce billet, et au parallèle (certes un peu osé) avec quelques turbulences ayant récemment agité la communauté des wikipédiens francophones. Au spectacle des remous au sein du cabinet népalais, j'éprouve comme qui dirait une impression de déjà vu. Il n'y manque plus que les wikipompiers, les disputes sur le bulletin des administrateurs, les appels à commentaires et, pour couronner le tout, le comité d'arbitrage. Remarquez qu'on pourrait, pour « désamorcer » (façon huile sur le feu...) la crise gouvernementale potentielle, leur envoyer un certain ex-administrateur, ex-bureaucrate, ex-arbitre et actuel candidat arbitre pour régler la situation. Son entregent y ferait très certainement merveille...

Notes :

(1) Source : article (en anglais) « Siraha incident pits coalition partners Maoists and MJF at loggerheads » (6 septembre 2008), sur le site nepalnews.com.

(2) Source : article (en anglais) « Yadav's activities creating further anarchy: Minister Gurung » (18 septembre 2008), sur le site nepalnews.com.

(3) Source : article (en anglais) « Matrika charges at Gautam » (19 septembre 2008), sur le site nepalnews.com.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Moi j'aime beaucoup le "parti de la bonne volonté"... C'est pas en France qu'on aurait ça ;-)