lundi 20 février 2012

« Wikipédia tend inexorablement vers le faux »

C'est une phrase, sous la plume d'un ex-contributeur préférant se désigner comme « Vieille branche », relevée dans un billet relayé aujourd'hui chez Pierrot le Chroniqueur.

Si je peux partager certaines des autres analyses présentes dans ce billet, ce constat, que je relève entre guillemets dans le titre de mon propre billet, me semble quelque peu réducteur.

Il suffit de constater les considérables progrès du sourçage des articles, en quelques années. Là où, naguère, une vague, maigrichonne et très imprécise section « Bibliographie » faisait office de références à l'appui des contenus rédigés dans les articles, on a vu croître de manière impressionnante, depuis quatre ans (à la louche), les emplois des balises <ref> et </ref> (appel d'une référence ou d'une note de bas de page) et de sa conséquence logique, la balise <references /> (regroupement des notes et références en fin d'article) ou de ses « déclinaisons » diverses sous forme de modèles.

Certes, on est bien obligé de remarquer que les descriptions de sources, au moyen de ces balises <ref> et </ref>, manquent encore souvent de rigueur et de précision. Mais je reste persuadé que l'exigence d'un sourçage de qualité, si elle n'est jamais mentionnée dans les principes fondateurs de Wikipédia comme une exigence absolue, y est sous-jacente depuis de nombreuses années, notamment dans les paragraphes Í Wikipédia est une encyclopédie » et, plus encore, « Wikipédia recherche la neutralité de point de vue » (paragraphe qui évoque notamment l'utilité de la contextualisation, de la vérifiabilité et de la citation de sources faisant autorité dans leurs domaines respectifs).

Cela étant, il serait intéressant de quantifier — une requête automatisée aurait-elle cette capacité, sans surcharger les serveurs ? — tous les emplois du couple <ref> et </ref>, ainsi que le nombre d'articles contenant au moins un de ces appels de références et/ou notes de bas de page.

Peut-être l'expérience a-t-elle déjà été tentée, mais je n'en ai pas eu connaissance.

10 commentaires:

LittleTony87 a dit…

Pour être devenu avec le temps un "ayatollah du sourçage", je te rejoins globalement. Mais malheureusement, sourcé ne veut pas dire vrai.

Suppose que j'écris un article avec des sources tout à fait fiables, livres en anglais assez chauds à trouver. Article fiable, de qualité, aucun souci. Je le délaisse quelques temps, et un contributeur malveillant rajoute une bêtise, passée inaperçue, dans une phrase sourcée.

Ma source étant rare, je suis une des rares personnes à pouvoir dire qu'elle ne dit pas cela. Si je ne suis pas là pour le corriger, difficile de le faire.

Finalement, le souci est là : le sourçage rigoureux ne marche que tant que les contributeurs qui ont les sources surveillent que personne ne rajoute des âneries. Sans quoi on se retrouve avec des erreurs... sourcées par des sources fiables.

Et puis le nombre d'articles sans sources a quand même de quoi attrister, malheureusement.

Dr Brains a dit…

259 967 pages liées au modèle {{Références}} (dans l'espace encyclopédique), auxquelles il faut ajouter les pages qui utilisent directement le tag et qu'on ne peut pas comptabiliser autrement qu'avec un bot.

David Berardan a dit…

Je suis tout à fait incapable de me souvenir quand (je dirais que ça doit remonter à quelques mois), mais je suis pratiquement sûr que cette idée de quantifier le nombre moyen d'appels de références par article, d'articles sans références (...) a été abordée sur le Bistro.
Malheureusement, je ne me souviens pas non plus quelle avait été la conclusion de la discussion...

Arkanosis a dit…

J'ignore si cela a déjà été fait, mais produire des statistiques sur l'utilisation de < ref > à partir des dumps devrait être un exercice pas trop compliqué (à défaut d'être rapide). Je te tiens au courant.

Scrongneugneu a dit…

L'augmentation des sources détaillées (et vérifiables) ne peut que conduire à réduire la probabilité de sources mauvaises ou fausses, le pari étant assez comparable à celui qui a fondé Wikipédia, avec une masse de contributeurs se vouant à la surveillance donc à l'amélioration.

Alexander Doria a dit…

@LittleTony87 C'est pour ça que l'accessibilité des sources est amha un enjeu essentiel pour la décennie à venir. Il importe que le lecteur (et le contributeur) puisse vérifier rapidement ce qu'il en est de la source — d'où la nécessité, de mettre systématiquement un lien vers une version en ligne lorsqu'elle existe (c'est de plus en plus le cas pour les articles des revues à comité de lecture).

LittleTony87 a dit…

@Doria : certes, mais faut-il privilégier la source accessible, ou la source de qualité, lorsque le choix se pose ; là est la question... Malheureusement, pas mal de bouquins de qualité sur des sujets précis sont durs à trouver, et on y peut pas grand chose. Après, il y a toujours des suprises.

Je me souviens d'il y a à peu près un an, lorsque j'ai AdQisé l'article sur le paquebot Normandie. J'utilisais un livre assez dur à trouver, que je m'étais procuré pour mon mémoire universitaire, à l'origine. Un utilisateur a voulu vérifier quelque chose dans les sources... et a réussi à le trouver en 2 jours. J'étais bluffé. Comme quoi...

gede a dit…

Je crois qu'il faut être jeune (du point de vue de Wikipédia) pour écrire une telle chose.

Une de mes motivations comme rédacteur débutant, en 2005, était l'invraisemblable tissus de n'importe quoi dont étaient faits les quelques articles sur lesquels j'avais une compétence immédiate.

Aucun article n'est aussi indigne aujourd'hui. Beaucoup sont de qualité (sans avoir le label, qui représente tout autre chose).

Il est, par contre, naïf de croire que le sourcage est à lui seul gage de qualité : une synthèse est une synthèse. Elle vaut par la qualité de... synthèse de celui qui l'a faite.

L'effet de l'appel au sourçage est différent : il vaut plutôt comme affirmation des exigences qui fondent Wikipédia : une synthèse neutre, représentative de l'état du savoir. Il est un moyen de rappeler à chacun cette exigence. On peut simplement disqualifier le POV pusher en lui rappelant une telle exigence. De même, il est un moyen de juger de la qualité du respect de cette exigence (il est rare de faire une mauvaise synthèse avec des sources nombreuses, variées et de qualité : les avoir réunies témoigne d'une qualité certaine de synthèse).

iluvalar a dit…

Eh ben moi; Pour où ce que j'en suis, autant me marginaliser encore plus en disant :

Si vous êtes encore capable d'assimiler une information à une source précise, c'est que vous n'en avez pas encore lu assez.

Lebob a dit…

Sans commentaire...