Membre de la commission des questions juridiques et des droits de l'homme, il a été chargé (à une date que je n'ai pas retrouvée, pas plus que la décision ni la liste des parlementaires collaborant avec lui) d'un projet de rapport sur le « Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d’organes humains au Kosovo », qui a été rendu public dimanche 12 décembre sur le site web du Conseil de l'Europe (version en français).
Ce rapport contient effectivement des accusations gravissimes, et qui n'étonneront qu'à moitié ceux qui se sont toujours méfié de l'UÇK et du forcing généralisé américano-européen visant à donner à cette formation politico-militaire kosovare une vitrine respectable, face aux « méchants Serbes ».
Cela étant, il ne s'agit, jusqu'à plus ample informé, que d'un projet de rapport, qui n'a même pas encore été adopté par la commission des questions juridiques et des droits de l'homme, et encore moins par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.
Cela n'empêche pas des dizaines de médias avides de sensationnel de présenter ce projet de rapport comme un «  rapport du Conseil de l'Europe », comme si, désormais, la chose ne souffrait aucune discussion et allait de soi. Il y a par exemple, mais cela n'est pas en soi étonnant, compte tenu du philoserbisme des autorités russes, l'Agence RIA Novosti, qui procède à ce raccourci abusif dans une dépêche titrée « Le premier ministre kosovar impliqué dans un trafic d'organes (APCE) ». d'autres procèdent aussi de la sorte, sans conditionnels de rigueur, ni précisions sur le calendrier des travaux du Conseil de l'Europe.
On notera quand même le nom d'une journaliste du site Lexpress.fr, Marie Simon, qui sauve un peu l'honneur de la profession en prenant la précaution :
- de titrer son article « Le Premier ministre du Kosovo était-il lié à un trafic d'organes? », avec un mode interrogatif prudent,
- de rappeler que les accusations de trafic d'organes ne sont pas tout à fait une nouveauté, puisque Carla Del Ponte, ancien procureur auprès du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avait fait scandale il y a deux ans en avançant des allégations comparables,
- de conclure en donnant un aperçu synthétique des suites possibles de la publication de ce projet de rapport, aperçu que l'on eût aimé apercevoir dans les écrits de RIA Novosti ou de l'Agence France-Presse, entre autres raccourcisseurs : « Ce rapport doit être discuté jeudi en commission du Conseil de l'Europe. S'il est adopté alors, il sera présenté fin janvier devant l'APCE et pourrait conduire, comme le texte invite à le faire, à des enquêtes plus poussées sur le terrain, menées notamment par EULEX, la mission européenne de police et de justice, qui assume des fonctions en matière de justice depuis fin 2008. », écrit Marie Simon.
Ajouts du 15 décembre vers 21 heures. Bien entendu, ces péripéties n'ont pas manqué d'inspirer au moins une personne qui, par une lecture orientée de ce que les merdiats nous renvoient sur l'affaire, a cru bon d'en profiter pour s'asseoir sur la neutralité de point de vue, principe fondateur de Wikipédia, pour y écrire, dans l'article « Hashim Thaçi », que l'actuel Premier ministre kosovar est (sans conditionnel) « un criminel lourdement impliqué dans le trafic d'organes prélevés sur des prisonniers serbes et dans le trafic de cocaïne à destination de l'Europe » (dans la matinée) et de se contenter d'une version atténuée : « lourdement impliqué dans un trafic illégal d'organes prélevés contre leur gré sur des prisonniers serbes » (ce soir). C'est désespérant : la neutralitré de point de vue est pourtant un concept aisé à comprendre (du moins est-ce ce qui, il y a plus de six ans, lorsque j'ai débarqué sur Wikipédia, m'a paru le plus lumineux), mais il est de fait que des milliers de gens ne parviennent pas à comprendre ce concept, qui est pourtant indispensable si l'on veut construire une encyclopédie qui ne soit pas l'otage de tel ou tel groupe de pression.
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